Certains chiens réagissent excessivement dans certaines situations. On dit alors que ces chiens sont « réactifs ». Ces réactions peuvent varier d’un individu à l’autre, selon leur tempérament respectif et la situation particulière. Certains chiens auront tendance à réagir pour faire fuir la menace qu’ils perçoivent, en jappant, en grognant et en sautant, par exemple, alors que d’autres vont préférer se sauver. Cette décision va aussi dépendre du contexte du chien : s’il est en laisse, l’option de fuir n’est plus envisageable, d’où la tendance des chiens à être plus « réactifs » et démonstratifs en laisse.
La socialisation est importante pour apprendre au chien tout au long de son développement et de sa vie à gérer la nouveauté et les rencontres. On ne peut pas se contenter de socialiser un chiot dans les premiers mois et puis lui couper toute opportunité de socialisation en pensant qu’il continuera d’être à l’aise avec les étrangers et ses comparses canins. Une socialisation continue est importante si on souhaite un chien confiant et bien dans tout genre de situation. Certaines périodes sont néanmoins plus critiques pour la socialisation des chiens, notamment l’enfance et l’adolescence, et demandent peut-être un effort de socialisation plus grand. Les chiens vivent alors de nombreux changements comportementaux en essayant de se définir dans leur environnement et passent du coup à travers des « périodes normales de peur », où ils sont en général plus craintifs.
La nouveauté est importante dans la socialisation. Un chien qui a des amis chiens qu’il voit fréquemment peut très bien développer une peur envers tous les chiens étrangers. C’est d’ailleurs la même chose qui peut arriver avec un chien qui ne rencontre que ses maîtres et très peu d’étrangers. Faire connaissance avec des personnes et des chiens inconnus et vivre des nouvelles rencontres permettra au chien de comprendre que les étrangers sur deux ou quatre pattes ne sont pas des menaces.
Que faire si le chien a déjà développé un comportement craintif envers certains stimuli? Il faut graduellement développer une association positive avec la présence de ceux-ci.
Par exemple, si un chien a peur des étrangers, vous pouvez demander de l’aide à des amis pour socialiser votre chien envers les inconnus (ou demander la collaboration de vrais étrangers, mais il est alors important d’avoir leur entière coopération afin de respecter les limites du chien et d’éliminer les risques d’accident). Gardez votre chien en laisse pour qu’il ne se sauve pas (ou n’attaque pas) et approchez-vous tranquillement de l’étranger. Récompensez votre chien s’il reste calme et ne réagit pas avec sa gâterie favorite. L’étranger peut d’abord être immobile, et même assis, pour qu’il soit perçu comme le moins menaçant selon les critères de votre chien craintif.
Surtout, n’allez pas au-delà de la zone dans laquelle il est confortable. Peut-être que dans les premières séances, vous n’allez pouvoir que vous approcher à une vingtaine de mètres, puis à une dizaine, etc. C’est important d’y aller de façon graduelle : si vous allez trop loin pour votre chien, il cherchera à fuir ou à attaquer, alors vous renforcerez le comportement que vous souhaitez éviter.
Assurez-vous aussi de donner une gâterie à votre chien au bon moment afin de ne pas récompenser ses réactions de peur. Vous devez lui donner lorsqu’il ne réagit pas au stimulus, lorsqu’il reste calme et à vos côtés. S’il réagit en jappant ou en étant visiblement stressé, éloignez-le de la situation en reculant, attendez qu’il se calme, récompensez son état de détente et recommencez (ou remettez la séance à plus tard s’il est visiblement encore ébranlé).
À force de travailler cette association, vous allez être en mesure de vous approcher de plus en plus près de la personne étrangère. Quand votre chien restera calme même lorsque l’étranger sera tout près, vous pourrez demander au complice de lui lancer au sol sa gâterie préférée. De fil en aiguille, votre chien comprendra que la présence d’un étranger lui amène de bonnes et délicieuses, choses! Plus tard, vous pourrez même demander à des étrangers de lui offrir des gâteries dans leur main, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il ne craigne plus ces rencontres.
Les chiens ne généralisent pas beaucoup, d’où l’importance de varier l’allure des étrangers rencontrés. Un chien peut continuer à avoir peur des individus barbus ou portant des articles bizarres tel un parapluie, s’il n’a pas été habitué à ce genre de « métamorphoses ».
Vous pouvez utiliser la même logique pour travailler toutes sortes de peurs, notamment la peur des autres chiens. Il est toujours important de bien respecter les limites de votre chien, alors assurez-vous de garder l’autre chien à une distance acceptable pour votre chien craintif. Ici aussi, il est important de gérer le niveau de difficulté de la rencontre. Privilégiez un chien plus petit et calme, lui-même calme auprès des autres chiens, peut-être même couché, avant de le mettre en contact avec un chien plus gros. Suivez la même logique dans les cas de peur des vélos ou d’automobiles. Un vélo ou une automobile immobile va être moins menaçant, donc travaillez la confiance de votre chien dans ces situations avant de progresser vers un cycliste inconnu en mouvement passant tout près de votre chien, par exemple.
Il est important que vous demeuriez calme et que vous encouragiez votre chien lors de ces séances. Si vous êtes stressé, votre chien le ressentira et le percevra comme une confirmation du bien fondé de son propre stress. De la même façon, si vous vous fâchez après lui dans ces situations, parce qu’il jappe après un autre chien par exemple, il risque de développer une association négative qui empirera le problème : « ah non, un autre chien, j’ai peur, et en plus, mon maître va se fâcher, il faut que je fasse fuir ce chien rapidement pour éviter cette rencontre *GRRR* *WOUF*. D’ailleurs, si vous vous sentez fatigué et irritable, il vaut mieux reporter la séance.
Vous êtes la personne-ressource pour votre chien. En gérant ces situations pour lui, vous confirmez votre statut de guide aux yeux de votre chien et vous enrichissez votre relation avec lui. De plus, parce que vous lui faites vivre des relations positives dans lesquelles il se sent à l’aise et se voit récompenser, vous l’aider à développer sa confiance en lui, ce qui règle le problème à la base de tout canin anxieux. Patience et courage!
